Demande d'un brevet d'addition et de perfectionnement
au brevet d'invention de quinze ans qui m'a été délivré sous la date
du 28 septembre 1840 pour une machine à calculer
Mémoire descriptif
Chapitre I
1)
Dès les temps les plus reculés on se sert en Orient pour
faciliter le calcul d'un instrument qui est également en usage en Russie
et qui consiste en une boite munie de plusieurs fils de fer disposés
parallèlement les uns aux autres et horizontalement.
Ces fils de fer sont assujettis par leurs deux extrémités aux deux bouts
supérieur et inférieur de la boite, de manière à être parfaitement libres
d'ailleurs dans toute leurs longueurs.
A chacun sont enfilés dix petites boules de bois ou de métal. Le premier fil
à gauche représente les unités; le second en allant vers la droite les
dizaines; le troisième les centaines; le quatrième les milliers, et ainsi de
suite.
Pour calculer avec cette machine, on chasse toutes les boules vers la partie
supérieure de la boite.
S'agit-il par exemple d'additionner 236 + 266 + 179, on abat six boules du
fil des unités, 3 de celui des dizaines et 2 de celui des centaines.
Revenant ensuite au fil des unités et prenant le second nombre donné, qui
offre encore le chiffre 6, tandis qu'il ne reste que 4 boules dans la partie
supérieure de la boite, on abat ces quatre boules restantes, ce qui donne
une dizaine qu'on transporte aux dizaines en faisant descendre les quatrième
boule du fil qui les représente, puis on rechasse les dix boules du fil des
unités vers la partie supérieure de la boite, et on en abat de nouveau 2
pour compléter le nombre 6. Passant alors au fil des dizaines en prenant le
chiffre 6 qui les représente dans le nombre donné, on abat les 6 boules
restantes, ce qui donne une centaine qu'on transporte aux centaines. L'on
rechasse les dix boules abattues du fil des dizaines vers la partie
supérieure de la boite. On continue ainsi comme dans l'addition ordinaire
faîte avec la plume.
Les Romains se servaient d'un instrument analogue qu'ils appelaient Abacus
et dont on trouve la description dans [P. Claude du Molinck ?] :
Cabinet de la bibliothèque de Ste Geneviève, in fol. Paris 1692, page 23.
On y voit le dessin d'une boite avec neuf rangées de rainures où se trouvent
des boutons de cuivre rivés par derrière [qu'y] fait glisser le calculateur.
Jusqu'au 16e siècle, on employait généralement en Europe des jetons qu'on
plaçait sur de petites tablettes marquées de plusieurs lignes dont les
intervalles représentaient les unités, les dizaines, les centaines, etc ...
Les paysans de certaines parties de l'Allemagne en font usage encore
aujourd'hui.
Ces trois systèmes ne sont pas autre chose que la représentation matérielle
des chiffres par des chiffres, des boules, des boutons, des jetons. Ils
exigent comme la plume, dans les opérations arithmétiques, un travail de
l'intelligence, sans offrir davantage de célérité du calcul.
2)
Voici un système d'une autre espèce.
On prend deux petits bâtons de bois ou de cuivre, divisés chacun en 10
parties égales sur lesquelles sont gravés les chiffres de 0 jusqu'à
100 dans leur ordre naturel. Veut-on additionner par exemple 17 et 23, on
place l'un de ces bâtons à côté de l'autre de manière que le 0 du premier
réponde au chiffre 17 du second. La somme 40 est donnée par le chiffre qui,
sur le second bâton, répond au chiffre 23 du premier.
Réciproquement, veut-on soustraire 13 de 30, on place les bâtons de
manière que le chiffre 13 du premier réponde au chiffre 30 du second, et le
reste 17 est donné par le nombre du second bâton, qui correspond au 0 du
premier.
Un grand nombre d'appareils sont fondés sur ce système mais tous exigent
aussi un travail de l'intelligence, puisque celui qui calcule doit
transporter aux dizaines l'excédent des unités, aux centaines, celui des
dizaines, etc ...
Je ne connais pas d'appareil plus ancien que celui de Pérault qui
remonte à 1700 (voir machines de l'Académie, vol. 1 [..]).
Après lui vinrent Percyre (Histoire de l'académie des sciences
1750, p. 169), Gruson (1792), Gütle (1799), Sachs (1815), Briet (1829), Bardach (1839) et Péreyre (18??); Les
uns ont adopté des bâtons glissant dans des coulisses; les autres ont
préféré des disques avec anneaux concentriques.
3)
On a aussi disposé, pour faciliter le calcul, des barèmes
sur des cylindres ou sur des disques mobiles. L'usage en est aussi restreint
que celui des Barèmes ordinaires. Parmi les nombreux appareils de ce
genre, nous ne citerons que ceux de M. Lorimier (1839) et de Mr Delacroix (1840).
4)
Le baron Neper d'Edimbourg a imaginé une quatrième espèce d'appareil
basée sur le système des logarithmes et appelée bâtons rabdologiques. La
construction en est bien connue, ainsi que l'usage, pour que je m'y arrête.
En 1699, Michel Scheffer inventa à Ulm la règle à calculer qu'il fît
connaître sous le nom de "Des Mechanicus". C'est par erreur qu'on a
attribué cette invention à l'anglais Gunther. En 1761, Biler
(Biter) modifia cet instrument auquel il donna une forme semi circulaire
et qu'il appela Instrumentum Mathematicum Universale. Cett
espèce de machine est généralement connue sous le nom de Règles de calcul
anglais. M. Galtey ? Roijeau ? Sargeant, Jomard,
Laur, Mouzin, Clouet ont beaucoup contribué à la populariser en France.
Le Père Scott a essayé le premier d'appliquer les bâtons de Neper sur
des cylindres (Organum Mathematicum).
Leupold (Theatrum mathematicum) et M. Petit les ont
placés sur des disques, le premier sur le champs de disques décagones, et le
second, sur celui de disques circulaires.
On a combiné aussi les bâtons de Neper appliqués sur les cylindres du Père Scott avec les disques du système décrit paragraphe 2. Le
premier essai en ce genre a été fait par Samuel Morland en 1673 et Samuel Grillet en 1678.
Enfin MM. Jordans, Fitch, Roget, Bardach, ont modifié de différentes
manières les systèmes rabdologiques de Neper.
5)
En 1727, Mr Clairaut père inventa un instrument
trigonométrique en forme de planchettes pour remplacer les tables de
logarithmes et résoudre les triangles sans calculs.
En 1731, M. de Mean disposa la table de Pythagore de manière à
ce qu'elle pût servir à différentes opérations arithmétiques. Pour cela, on
prend les cases en différents sens.
En 1734, Mr Nuisement [?] a imaginé deux instruments dont l'un
repose sur les principes de la balance [?] et l'autre sur ceux des triangles
semblables.
IL est très vraisemblable qu'on aura fait pour faciliter le calcul, d'autres
essais qui ne sont pas connus. Mais ces appareils n'ayant aucune analogie
avec ma machine, il importe assez peu que je les décrive.
J'ajouterai seulement que j'ai entendu parler des essais en ce genre de Lord Stanhope, mais je manque de toute espèce de renseignements
positifs. Quant à la machine de Babbage, j'y reviendrai dans la
description de ma grande machine.
Chapitre II
On a essayé plusieurs fois d'inventer une machine à calculer qui fonctionnât
d'elle-même, sans exiger un travail intellectuel de la part du calculateur.
1° Pascal en inventa une en ...... 1640
2° Leibnitz ............................... 1673
3° Polenius .............................. 1709
4° Lépine ................................ 1725
5° Leupold .............................. 1727
6° Hillerin de Boistissandeau.......1730
7° Gersten .................................1735
8° Hahn .....................................1779
9° Muller ...................................1786
10° Stern .....................................1814
11° Thomas .................................1820
12° Et moi-même .........................1840
Avant de décrire la mienne, je crois devoir, pour éviter
toute contestation, faire connaître avec quelques détails les désavantages
des autres.
1°) La machine de Pascal ne peut servir que pour l'addition et la
soustraction. Elle est extraordinairement compliquée. Chaque système, nom
sous lequel nous comprenons toutes les pièces qui ne servent que pour les
fonctions d'un seul chiffre, se compose de 14 à 15 pièces. Les chiffres sont
placés sur les champs de barillet, d'où résultent plusieurs inconvénients:
a) La machine est fort incommode par son volume
b) Elle est très sujette à se détériorer à cause de la complication de son
mécanisme,
c) et très difficile à mouvoir par suite des problèmes que cette
complication occasionne.
d) On doit écrire les sommes de gauche à droite, en sorte en sorte
qu'il faut recourir à la plume, parce qu'avec de grands nombres, rien ne
serait plus facile que de commettre des erreurs. Ainsi on retiendra aisément
le nombre 63, fallait-il l'écrire à rebours, mais il n'en serait plus de
même, s'il s'agissait du nombre 29172641.
Aussi dans le dessin de la machine, l'opérateur est-il représenté une plume
à la main.
e) Pour mettre la machine à 0, ce qui doit se faire toujours dans de
pareilles machines, avant de commencer l'opération, il faut chercher
longtemps, aucun signe extérieur n'indiquant la [ ??] sur les barillets et
le disposition de la machine ne permettant pas de l'indiquer.
f) Enfin, dans la soustraction, il faut également chercher longtemps la
somme dont on veut soustraire et qui doit être placée la première sur la
machine.
Il est certain qu'on arriverait beaucoup plus vite et plus facilement au but
par une opération la plume qu'avec la machine de Pascal.
2°) Leibnitz soumit en 1673, à l'académie de Londres, et l'année
suivante à celle de Paris le plan d'une machine qui reçut l'approbation de
ces deux corps savan(t)s et qui néanmoins ne put jamais être exécutée. IL y
consacra vainement sa vie entière et une somme de près de 100,000 francs. La
mort le surprit avant qu'il en eut découvert le moyen. Cette machine devait
faire les quatre opérations de l'arithmétique (voir Ludovici :
histoire de la philosophie Leibnitzienne vol. 1 page 69 et vol. 2 page 238
et 273)
3°) La machine de Polenius est décrite dans les
[???] Polenii Miscellaneas. [???] 1709, p. 27. Grossière, informe, mue par des
poids au lieu de ressorts, elle n'offre rien qu'on puisse être tenté
d'imiter.
4°) Lépine fut le premier qui fit usage d'un cadran horizontal. La
machine est plus simple que celle de Pascal, mais elle en a tous les
inconvénients.
5°) Hillerin de Boistissandeau a essayé à trois reprises différentes
de construire une machine à calculer. Quelques louables que fussent ses
efforts, ils ne furent point couronnés de succès. La machine ne fait que
l'addition et la soustraction. Il a voulu y joindre un indicateur qui marque
le nombre de soustractions déjà faîtes, espérant ainsi arriver au même
résultat que par la division. Il est inutile de faire remarquer combien un
calcul fait de cette manière doit être long et ennuyeux. Sans cette
innovation, la machine n'est en rien supérieure à celles de ses devanciers.
Afin d'obvier à l'un des inconvénients (f) de la machine de Pascal, il surchargea chaque système de quatre séries de chiffres, ce
qui ne sert toutefois qu'à troubler l'opération et à s'exposer à de
fréquentes méprises.
Dans les deux derniers essais, il tenta de parer à un autre de ces
inconvénients (d) au moyen d'un râteau engrené dans un pignon,
moyen peu efficace et n'offrant pas toute la certitude qu'on est en droit
d'attendre d'une machine de précision, à cause de la prompt détérioration du
râteau. Une pile de rouages et de cadrans superposés rend la machine très
compliquée et l(application m'en semble impossible. On ne parviendrait guère
à ajouter un centième à la somme 99999 francs 99 centimes, c'est à dire à
changer tous ces 9 en 0 et à faire partir le huitième système qui devrait
alors indiquer 1. Du reste, cette machine n'a jamais été exécutée, et
ce n'est que d'après un modèle en bois que l'inventeur a essayé de s'en
rendre compte à lui-même. Elle est donc restée dans un oubli méritée (voir Machines de l'académie).
6°) Leupold a donné une partie du plan d'une machine propre à
exécuter les quatre règles, en promettant d'entrer ultérieurement dans les
détails. La mort l'a empêché de tenir cette promesse. Je reviendrai
sur cette machine à l'occasion de la deuxième addition que je ferai à mon
brevet en donnant le dessin de ma grande machine pour les quatre règles.
J'ajouterai seulement que le plan incomplet de celle de Leupold se
trouve dans le Theatrum Arithmeticum, page 102.
7°) Gersten a fournis à l'Académie de Londres une machine construite
également vicieuse. C'est une espèce de cric mu par des étoiles dont le
mouvement ascendant et descendant fait marcher le système suivant. De l'aveu
de l'auteur lui-même, un certain nombre de systèmes exigerait un très grande
dépense de force. Les systèmes ne sont pas en communication continue et dès
que le cric est monté, l'opérateur doit, comme dans l'abacus de Perault,
interrompre l'opération pour le faire redescendre. On peut voir le dessin de
cette machine dans les Philosophical Transactions, vol. 39.
8°) La machine de Hahn était si mal conçue
qu'elle faisait commettre des erreurs continuelles. Je odis dire que je ne
l'ai pas eue sous les yeux et que j'en parle d'après M. Müller à qui
je laisse toute la responsabilité du jugement que j'en porte (voir Müller
: Beschreibung einer rechenmaschine, page 32).
IL me suffit de savoir que les chiffres y paraissaient sur des triangles qui
se haussaient et s'abaissaient pour affirmer qu'elle était construite de
tout autres principes que la mienne (Voir Le Mercure allemand 1779).
9°) La machine présentée par Mr Stern de Varsovie à l'académie de
cette ville ne m'est connue que par une note insérée dans le Leipziger
Litteraturzeitung, 1814
10)° Celle que M. Thomas de Colmar a inventé en
1820, fut dessinée et décrite dans le Bulletin de la Société
d'Encouragement, Vol. 20. J'en parlerai à l'occasion de ma grande
machine, ainsi que de celle ...
11)° qui a été inventée en 1786 et représentée à l'Université de Göttingen
par M. Müller. La construction intérieure est restée un secret. Il
suffit de faire observer pour le moment que dans ces deux machines les
additions ne se font pas instantanément, mais qu'après avoir placé chaque
série de chiffres, on est obligé de recourir, avec la première à un ruban,
et avec la seconde, à une manivelle.
J'arrive maintenant à une machine qui est entièrement
nouvelle quant au mécanisme, qui est d'une simplicité telle que je ne crois
pas qu'on puisse la surpasser, qui diffère de toutes les autres quant au
placement des chiffres extérieurs, qui modifie l'ordre intérieur des
chiffres des cadrans, qui permet de déplacer un système sans déranger le
précédent, qui n'oblige pas à commencer les chiffres par la gauche, qui
indique le placement des zéros d'une manière aussi prompte que sûre, où
chaque système n'a qu'une seule roue qui sert en même temps de cadran, où la
communication s'opère par un seul mobile, où enfin la perfection du
mécanisme est telle qu'on peut faire communiquer entre eux dix à douze
systèmes sans avoir à craindre ni erreur ni détérioration de la machine et
sans avoir besoin d'une grande dépense de force.
Voici les différentes améliorations qu'elle a éprouvée successivement
avant d'atteindre à sa perfection actuelle.
Ces différents procédés, dans leur application, sont ma propriété
Chapitre III
Premier essai
Cette machine pour laquelle j'ai déjà obtenu un brevet,
se compose des pièces suivantes:
1°) Deux platines entre lesquelles le mécanisme est
placée
2°) Troisième platine percée de grands trous pour laisser passer les
rondelles avec leur dix petites trous par lesquels, au moyen d'un style, on
met en mouvement chaque système. La circonférence de chaque grand trou est
munie d'un crochet destiné à arrêter le style. Au dessus du grand trou se
trouve un guichet laissant jour au cadran sous-jacent.
3°) Cadran placé entre les deux platines, sur lequel sont gravées deux
séries de chiffres; la première porte dix chiffres 0-9, gravés de droite à
gauche; la seconde ou l'inférieure porte les mêmes chiffres, mais gravés de
gauche à droite. La cadran et la rondelle sont fixés sur la tige .
4°) Platine supérieure pour laquelle est gravée pour chaque système une
série de chiffres correspondant à la série supérieure du cadran exceptée le
zéro, qui manque et qui correspond à l'ouverture du guichet. La rondelle
porte une série complète de chiffres et est munie d'une flèche gravée à
l'endroit qui correspond au zéro de la série des chiffres du cadran.
5°) Tige portant entre la platine moyenne et l'inférieure une étoile en dix
et au dessus de cette étoile, une roue dentée qui s'engrène dans le roue de
communication. Chaque étoile a un valet que ramène constamment un ressort.
6°) Roue de communication réunissant toujours deux systèmes et portant un
cliquet avec son ressort. Le cliquet permet de tourner les roues à droite
sans déranger les précédentes, en comptant de gauche à droite. On peut
ainsi, quelque grande que soit la somme, la placer à l'instant de gauche à
droite, et il n'est pas nécessaire de recommencer sans cesse par la gauche,
inconvénient que j'ai signalé en parlant de la machine de Pascal. La petite
flèche indique le zéro, et les chiffres de la rondelle, ceux de la somme à
soustraire. J'ai évité ainsi tous les inconvénients de la machine de Pascal,
tout en simplifiant beaucoup le mécanisme.
7°) Roues dentées placées de manière à être toujours pour chaque système au
niveau de la roue de communication. Les systèmes sont disposés
alternativement l'un dessus, l'autre dessous.
Cependant, si l'on opère avec quelque rapidité, la roue fait [...] volant,
et il en résulte des erreurs que la destination d'une semblable machine peut
rendre grave. Il fallait les prévenir.
Deuxième essai (Table I)
1°) Dispositions des platines fig. 1, des
rondelles, des cadrans, de ses chiffres, des crochets, comme dans
l'essai précédent.
2°) Roues dentées supprimées, tige ne portant qu'une étoile a, fig.2, muni d'un doigt b, à l'aide du quel elle communique avec un
levier.
3°) Levier c, remplaçant la roue de
communication qui est supprimée. Ce levier, après avoir établi la
communication avec la roue suivante est ramené à sa place par un ressort d.
4°) Valet e, et son ressort, comme dans
l'essai précédent.
Toutes les pièces sont représentées en plan et en profil. On doit observer
que les doigts des étoiles sont placés alternativement dessus et dessous.
Troisième essai (Table II)
1°) Platines, rondelles, cadrans, chiffres, crochets comme dans l'essai
précédent.
2°) Doigts des étoiles supprimés; étoiles toutes de niveau
3°) Levier droit b, établissant la
communication, et ramené par son ressort d
4°) Ressort et valet supprimés et remplacés par une seule pièce, le sautoir
ressort c.
Quatrième essai (Table III)
1°) Platines au nombre de deux seulement, fig.1, par suite de la
suppression de la troisième.
2°) Cadran supprimé.
3°) Une seule roue à vingt dents a, sur
laquelle sont gravées deux séries de chiffres, comme sur les cadrans des
autres essais les quels ont été supprimés. La représentation des chiffres
est représentée dans le dessin b
4°) Sautoirs-ressorts c, placés en
sens inverse afin d'empêcher les roues de tourner en sens inverse.
5°) Systèmes montés sur des broches d
6)° Leviers encore plus simples établissant la communication.
Cinquième essai (Table IV)
Plus de sautoirs. Levier faisant à la fois fonction de
sautoir et d'arrêt, et établissant la communication. Roues dentées b, munies de deux petites crochets cc, et servant en même temps de cadrans.
C'est le plus haut degré de simplicité possible.
Tous ces dessins sont d'après nature et de grandeur naturelle.
Il n'a été question jusqu'ici que des perfectionnement opérés dans
l'intérieur de la machine. Il nous reste à parler de ceux que j'ai apportés
dans la disposition des chiffres.
Sixième essai (Table V)
J'ai voulu diminuer les embarras qu'occasionnent une
grande quantité de chiffres et parmi lesquels on doit chercher celui qui est
nécessaire pour l'opération. A cet effet, j'ai supprimé les chiffres
de la platine supérieure, qui n'offrent plus que dix guichets disposés
autour de la rondelle b percée de ses dix trous. Les chiffres sont gravés
sur des anneaux circulaires dans l'ordre suivant: 1.8.2.7.3.6.4.5.5.4.6.3.7.2.8.1.9.0;
et alternativement, les chiffres soulignés paraissent, les autres restant
couverts, ou bien les chiffres non soulignés paraissent, les soulignés
restant couverts.
Tous ces anneaux sont mus simultanément au moyen d'une tringle munie
d'un bouton. Au milieu de la platine se trouve [...] un [...] guichet qui
laisse paraître un A ou un S gravés sur la tringle, selon que
l'on veut amener les chiffres non soulignés pour l'addition, ou les chiffres
soulignés pour la soustraction.
Ce changement dans la disposition des chiffres a été faîte sur une machine
du genre du troisième essai, comme le dessin l'indique, mais il est facile
de l'opérer dans toutes les autres machines.
Le dessin présente aussi la manière dont les machines sont emboîtées.
Septième essai (Table VI)
Cet essai est également relatif à la disposition des
chiffres. La fabrication des anneaux décrits dans l'essai précédent offre
beaucoup de difficultés. Pour y obvier, j'ai imaginé de disposer les
chiffres comme l'indique le dessin de la table VI. Un mécanisme du
genre du deuxième essai, mais de moitié plus petit, est adapté seulement à
la série supérieure des systèmes servant à l'addition. Pour la soustraction,
c'est-à-dire dans la série inférieure, les cadrans sont dentés et
s'engrènent dans ceux de l'addition.
La disposition extérieure des chiffres est la même que sur la platine.
Cette machine n'a pourtant ni platine intermédiaire ni [...] intermédiaires.
Le mécanisme est monté sur des broches. Une bande mobile placée au milieu
découvre à volonté le système supérieur ou inférieur, selon qu'on veut
additionner ou soustraire.
Huitième essai
Plus simple encore, il ne peut s'adapter qu'au mécanisme
du quatrième ou cinquième essai, avec les roues cadrans divisées en vingt
parties. La petite rondelle trouée est également percée de vingt trous. Les
chiffres de droite, plus grands [...] vont semi- circulairement de droite à
gauche, 1.2.3.4.5.6.7.8.9. L'autre moitié de la circonférence porte des
chiffres 0.1.2.3.4.5.6.7.8
Quand on additionne, on se sert des chiffres noirs placés à la droite de
chaque système, pour la soustraction, on emploie des chiffres rouges. On
évite ainsi toute confusion. Les cadrans sont gravés comme dans le quatrième
et le cinquième essai.
Je n'ai pas jugé nécessaire de donner un dessin pour cet essai. Ce que j'ai
dit suffit pour le bien faire comprendre.
Neuvième essai (Table VII)
La platine porte une rainure semi-circulaire a travers laquelle paraissent les dents
du mécanisme du quatrième ou du cinquième essai. Les aiguilles b servent au placement des zéros. On voit
sur la platine la disposition des chiffres. On place le style représenté
dans la table du sixième essai entre les dents de la roue cadran qui
paraissent entre la rainure et en face des chiffres sur lesquels on veut
opérer.
Je me propose de donner d'ici à quelque temps la description d'une machine
qui fait les quatre règles avec un précision et un degré de perfection
inconnus jusqu'à ce jour. Je dois faire observer que mon invention a pour
objet une nouvelle machine à calculer, destinée à faire sans nécessiter
aucune intelligence, toutes les opérations de l'arithmétique.
Et en résumant la description annexée à mon brevet principal et la
description ci-dessus, on peut reconnaître que je cherche constamment à
simplifier la combinaison mécanique de cette machine qui a déjà atteint le
plus haut degré de simplicité en ce qui concerne les deux premières
opérations de l'arithmétique.
Je déclare donc me réserver le privilège exclusif de cette nouvelle machine
avec tous les [...] et tous les perfectionnements qu'elle comporte, et la
faculté de varier la forme, les dimensions et le choix des matières
métalliques ou autres [...?].
Paris le 18 juin 1841
Dr Roth, docteur en médecine
Rue neuve des Mathurins, 6
Transcription à partir du brevet
manuscrit par Valéry Monnier, Octobre 2007
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